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Philippe Caillaud

 

Exposition du 30 mai au 19 juillet 2015

L’activité artistique de Philippe Caillaud consiste à enfoncer des portes ouvertes mais en prenant le plus d’élan possible. Je peux vous assurer (l’ayant vu faire) qu’il bat la campagne avec beaucoup de soin et de concentration, voire avec une technique éprouvée. En tout cas en faisant preuve d’une expérience évidente. Je pense honnêtement que sa pratique est le travail le plus inutile du monde, et il y passe beaucoup de temps. Chacune de ses oeuvres est très élaborée, très détaillée et apparemment lui demande beaucoup d’efforts. Elles peuvent souvent être considérées comme de réelles performances. Perçu par certaines âmes sensibles comme un poête lui, a tendance à ne pas se considérer du tout. Il continue à suivre ses idées, contre vents et marées, surtout si elles n’ont aucun sens. Philippe Caillaud a longtemps cru qu’il était un descendant d’Alfred Jarry mais ça s’est avéré être une erreur. Il était pourtant disposé à tirer des coups de feu dans son jardin pour rendre hommage à son ancêtre. Faisant une fixation obsessionnelle et peut être compulsive sur le Mont Saint Michel, il le dessine inlassablement. Il s’est fixé comme objectif d’en réaliser 36 vues. Persuadé que les pyramides d’Égypte sont des esquisses du Mont, il pense que cette île est d’origine extra-terrestre et que la mère Poulard est un alien.

Paula Chipp Dillie

Cette série de dessins, à la plume et à l’encre de Chine, est une sous série du chantier Guide Vert que j’ai commencé en 2010. Elle est une sorte de détournement / citation de la série d’estampes d’Hokusai : Les trente-six vues du Mont Fuji. On peut aussi penser au travail d’Henri Rivière qui avait réalisé dans les années 1900 l’ensemble de lithographies : les trente-six vues de la Tour Eiffel. La différence essentielle est que cette série d’estampes japonisantes reste une création très sérieuse, alors que la mienne ne l’est pas. Dans mon travail le Mont est visible d’où j’ai envie, il devient le lieu de tous les possibles, surtout le plus improbable. Ainsi, il s’installe aussi bien au fond du jardin de ma maison de famille, dans le Loir et Cher, où je passais mes vacances adolescent, qu’au bord de la lagune, non loin du Palais des Doges, à Venise. Le Mont Saint Michel est pour moi un cas d’immobilier mobile. Il est aussi et en même temps la victime de nos mémoires touristiques défaillantes et de notre cathédralesque inculture géographique. Mais où se trouve donc le mont Saint Michel ?

Le mont Saint Michel est la quintessence de l’image de carte postale, c’est LE lieu touristique français, le lieu qui symbolise la France plus encore que la tour Eiffel. C’est ce qui fait de lui un bon sujet.

Philippe Caillaud

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